Réunion GOTT du 30 janvier 2024

 L’espérance au cœur de nos vies

 Nous étions 12, six catholiques et six protestants pour cette première rencontre de l’année 2024, autour du beau thème de l’Espérance.

 Nous commençons par la lecture d’un extrait du texte de Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu. Les trois vertus sont la foi, l’espérance et la charité. Pour l’auteur, l’espérance est « une petite fille de rien du tout qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière ». La petite espérance marche entre ses deux grandes sœurs, la foi et la charité. On croit que celles-ci la traînent par la main mais c’est elle, toute petite, qui entraine ses grandes sœurs et qui entraine tout.

 Le symbole de l’ancre

 Nous examinons ensuite deux images. L’une représente deux personnes, sans doute une femme et un homme sur un bateau, et, sous le bateau, une ancre et un personnage. L’autre est la photo d’une ancre rouillée, couchée

 au sol dans un port. Point commun : l’ancre, dont la plupart d’entre nous découvriront qu’elle est un symbole de l’espérance, symbole utilisé dans de nombreuses cultures à travers le monde.

 Pour les marins, elle représente la stabilité et la sécurité. Pour les Chrétiens, elle est associée au message religieux du Christ, considéré comme l'amarrage, l’ancrage entre Dieu et les hommes. Dans l'épître de Paul aux Hébreux, 6,18-19, il est question de chercher refuge dans l’espérance : « cette espérance nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ». Notre navire a cessé de dériver au gré des courants et des vents.

La première image est une enluminure médiévale extraite d’une édition de La Légende dorée, qui raconte la vie de saints et martyrs. Il s’agit ici du martyre de saint Clément, qui fut attaché à une ancre et précipité au fond de l’eau. Nous remarquons que la femme tient la corde à laquelle est attachée l’ancre. Le rôle de l’homme est moins évident. Accompagne-t-il le geste de la femme ou reste-t-il à l’écart de l’ancrage en cours ?

 Puis nous considérons le personnage dans l’eau, saint Clément, donc. Il semble attaché à l’ancre par un lien, ce qui est  conforme à la légende de son martyre. Est-il perdu ? Pour sa vie terrestre, sans doute. Il est représenté avec une tiare (il était évêque de Rome), mais aussi avec une auréole. Pas de couleur sur son corps, contrairement aux personnages dans la barque, mais un vêtement devenu blanc, comme celui du Christ priant dans la montagne. Les bouts de la corde, dans les mains de la femme, ne sont pas attachés à la barque, l’ancre ne la tiendra pas. Mais saint Clément reste lié à cette ancre en forme de croix, ancre de l’espérance au-delà du martyre qu’il subit.

 L’endroit et l’envers

 La seconde image nous amène à découvrir le symbole de l’ancre à l’envers. Dans certains cas, cela peut indiquer qu’un navire en détresse cherche à envoyer un message aux autres bateaux. Cela peut aussi être un signe d'avertissement, par exemple pour indiquer des rochers dangereux. Enfin, une ancre à l'envers peut être un symbole de défi ou de rébellion, utilisé par les pirates pour montrer leur insoumission aux lois des navires de commerce. Cette ancre rouillée et couchée au sol inspire des interprétations diverses. Certaines littéralement négatives, comme les symboles de l’ancre à l’envers ci-dessus.

D’autres teintées de beaucoup plus d’espérance : le repos après le travail, la disponibilité pour un prochain ancrage.

 Avant un goûter partagé, nous terminons par une prière, manière de nous ancrer dans l’espérance… que nous assimilons peut-être trop souvent à la foi, cette « grande sœur » solide en apparence mais qui ne tiendrait pas sans la petite sœur « qui fait marcher le monde. Et qui le traîne ».

Waltraut Clauss
EPUdF, Jura