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- Portrait : le Père Jacques Tiersonnier
Actualités diocésaines : toutes les actualités du Diocèse de St Claude
De Saint-Lothain à Madagascar
Le Père Jacques Tiersonnier, jésuite, a eu 100 ans le 12 septembre dernier.
Il a passé 78 ans de sa vie à Madagascar.
Le Père Jacques Tiersonnier, né à Saint-Lothain, est une superbe figure d’homme et de prêtre. L’œil vif, curieux de tout, enflammé par un amour immodéré de la Grande Ile, il a su demeurer un prêtre atypique, passionné et assoiffé de justice. Madame Céline Mathon, d’Arbois, chez qui le père venait régulièrement à l’occasion de ses vacances en France, ne dit pas autrement : « Toujours enthousiaste et intrépide, son mot d’ordre étant : « Servir et avancer » ! »
Le prêtre et le précurseur
C’est en 1936 que Jacques Tiersonnier gagne Madagascar pour la première fois. Il y reste peu de temps puisque, début 40, il accompagne le contingent malgache venu secourir la métropole. Il profite de sa présence en France pour parachever sa formation au ministère presbytéral et est ordonné prêtre en juin 1944. C’est comme aumônier qu’il participe, aux côtés des maquis de Haute-Maurienne, à la libération du territoire national. Membre de la 1ère Armée de De Lattre, il est blessé lors de la libération de Strasbourg. La guerre achevée, il travaille quelques mois à Marseille, en tant que prêtre-ouvrier, avant de regagner Madagascar en 1946. Un an plus tard a lieu l’insurrection de 1947. C’était le signe avant-coureur de l’indépendance future de l’île à laquelle aspirait, lui aussi, le P. Tiersonnier. Dès cette époque, il montre l’inventivité et le dynamisme dont sont traditionnellement capables les jésuites. Recteur du Collège Saint-Michel de Tananarive, il réussit à amalgamer élèves français et élèves malgaches. Quelques temps plus tard, il créé une ferme modèle en lieu et place de marécages insalubres. Bâtisseur et novateur, le P. Tiersonnier est aussi un prêtre profondément impliqué dans la pastorale. Supérieur de la mission jésuite, vicaire général du diocèse de Tananarive, « il fait venir des communautés de religieuses pour aider en milieu scolaire et hospitalier » .
En 1963, il demande à son évêque de quitter la capitale pour travailler en brousse, au diocèse de Morondava. Là encore il fait preuve de ses qualités de créateur et d’organisateur. A la suite d’ennuis de santé, il doit, à l’âge de 72 ans, regagner Tananarive. Aumônier de l’hôpital principal, il créé l’association Anyma – sigle malgache signifiant « Protégeons nos malades » - pour favoriser l’aide sociale, spirituelle et matérielle à apporter aux personnes hospitalisées.
A partir de 1986, suite à de nombreux ennuis de santé, il prolonge ses séjours en France. Cela lui permet de rédiger quatre ouvrages consacrés à Madagascar. Il s’intéresse particulièrement à l’apport des missions au développement économique, humain et spirituel des Malgaches. Il lui tient à cœur de distinguer mission et colonisation. La première apporte « de la considération, le respect de la personne individuelle et de la collectivité avec son héritage ». A sa façon, comme de nombreux missionnaire avant et après lui, le P. Tiersonnier fit œuvre d’ethnologie en considérant l’originalité de la culture séculaire malgache.
Son amour de la Grande Ile ne le rend pas complaisant pour autant à l’égard des autorités politiques, coupables selon lui d’avoir gâché bien des chances par lâcheté, égoïsme et cupidité. Ses tribunes libres, publiées dans la presse malgache, font du père un empêcheur de tourner en rond. Son amour du peuple malgache lui fait pousser de véritables coups de gueule à l’encontre des puissants. C’est un homme libre et un prêtre soucieux de son prochain qui fête aujourd’hui ses cent ans.
Bon anniversaire, Père Tiersonnier !