Homélie des obsèques de Mgr Gilbert Duchêne.
Cathédrale de St Claude - 5 décembre 2009
Voici que pour notre frère Gilbert Duchêne s'est accomplie la parole que nous venons d'entendre : après avoir mis en valeur les talents que le Seigneur lui avait confiés, dans le diocèse de Metz d'abord, puis dans ce diocèse de St Claude, après aussi de longues années de retraite marquées finalement par la maladie, il est « entré dans la joie de son maître. »
Si nous sommes rassemblés dans cette cathédrale, où il a été accueilli il y aura bientôt 35 ans, c'est par reconnaissance et pour une action de grâce. Les « talents » qui lui avaient été confiés, bien plus précieux que des pièces d'or, c'était vous, habitants de ce diocèse. Ceux qui l'ont connu, et qui ont bénéficié de son ministère, savent avec quel soin, avec quelle ardeur, il s'est employé à faire fructifier ce trésor !
Je l'avais connu déjà alors qu'il était supérieur du grand séminaire, puis évêque auxiliaire de Metz. Il s'était engagé avec enthousiasme dans la voie tracée par le Concile Vatican II, qui venait de s'achever. J'ai pu voir ensuite, à la Conférence des Évêques de France, avec quelle conscience il assumait ses responsabilités dans les commissions auxquelles il participait ou qu'il présidait : le comité canonique, la commission de la famille, le groupe pour le Renouveau charismatique, en particulier
Vous-mêmes l'avez vu à l'œuvre ici, auprès des mouvements d'Action Catholique comme dans les paroisses qu'il a visitées sans relâche, et pour lesquelles il a entrepris les restructurations nécessaires. Beaucoup ont été frappés par la mémoire avec laquelle il retenait les noms et les visages, et jusqu'aux situations familiales. De sa petite écriture serrée et précise, il a écrit des centaines de lettres. Il ne se passait pas de réunion sans qu'il prenne des pages de notes, aussi bien dans les multiples rencontres de son diocèse, qu'au cours de nos travaux d'évêques de la région apostolique...
Et puis, simplement, mais non sans souffrance, le moment venu après dix-neuf années, il a remis les fruits de son travail aux mains du Maître qui le lui avait confié, pour qu'un autre prenne sa place. Pour l'évêque aussi vaut la parole du Seigneur : « Quand vous avez fait tout ce qui vous était ordonné, dites : « Nous sommes des serviteurs quelconques. Nous avons fait seulement ce que nous devons faire » (Luc, 17, 10).
Saint Augustin, dans l'homélie pour l'anniversaire de son ordination épiscopale, disait à ses fidèles : « Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien. Le premier titre est celui d'une charge, le second d'une grâce ». Il ajoutait : « J'ai plus de bonheur a être racheté avec vous (par le sang du Christ) qu'à être placé au-dessus de vous. » Aujourd'hui, Mgr Duchêne est accueilli par son nom de baptême dans la joie de son Maître, après avoir été avec nous tous « compagnon de service », comme il aimait parfois à le redire. Nous le portons dans notre prière fraternelle. Il nous garde certainement dans la sienne, auprès du Seigneur, dans la communion des saints.
Et malgré nos limites et nos pauvretés, il nous est bon d'entendre, comme message d'espérance pour Gilbert notre frère ... et pour nous-mêmes un jour, les mots de St Paul que nous avons lus tout à l'heure : « Je n'ai plus qu'à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire ».
Mgr Lucien Daloz
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