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Mission Toussaint
« Vous êtes la lumière du Monde.
Une ville située sur une montagne ne peut être cachée »
Mt 5,14
À chaque fête de la Toussaint, la liturgie de l’Église nous propose le passage tiré de l’évangile selon St Matthieu, au chapitre 5, versets 1 à 12. Il s’agit bien sûr des Béatitudes, proclamées par Jésus lors du sermon sur la montagne (Mt 5-7). « Heureux », c’est le programme des chrétiens donné par Jésus. Et sur quoi repose-t-il ? N’est-ce pas sur l’abandon pauvre et confiant en l’amour gratuit de Dieu, qui nous offre l’espérance de la Résurrection ?
Les Béatitudes que nous entendons à la messe ne sont pourtant que l’introduction du sermon du Christ sur la montagne ; au verset 14, Il poursuit : « Vous êtes la lumière du Monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ».
Cette ville, c’est l’Église, Corps mystique du Christ, intendante des mystères de Dieu (1 Co 4,1), étendard de l’espérance de la Résurrection. Peut-on cacher cela au monde ? Comment ne pas allumer la ville d’En-haut, la Jérusalem Céleste qui s’exclame : « Heureux ! » ? Peut-on laisser nos contemporains cheminer dans « la vallée de l’ombre de la mort » (Ps 23 (22), sans leur offrir l’hospitalité de la Ville Sainte, l’Église ? Peut-on laisser éteinte la Ville qui, au Ciel dans le Christ et dans ses saints, veut signifier au monde par ses membres sur terre : « Venez vous mettre à l’abri, dans la chaleur et la paix de mes enceintes ! Si le Christ est mort et ressuscité, c’est pour que vous soyez ressuscités avec lui à l’heure de votre mort ! ».
C’est ce qu’a voulu faire un petit groupe d’une vingtaine de paroissiens, éclairant le cimetière de la ville de Lons-le-Saunier par l’espérance de la Résurrection en Jésus-Christ.
Après un temps de prière d’une demi-heure à la grande croix du cimetière, nous sommes partis en binôme, comme les 70 disciples 2 000 ans plus tôt (Lc 10,1), pour aller à la rencontre de nos contemporains, annoncer avec nos deux oreilles et notre unique bouche (visiblement, Dieu voulait nous signifier que l’annonce de l’Évangile se fait plus par l’oreille que la bouche) que « le Royaume de Dieu s’est approché » (Lc 10,9). Le Père William était disponible pour prier avec les gens qui le souhaitaient et bénir les tombes de leurs défunts. Des « cartes de la Résurrection » à distribuer aux personnes rencontrées avaient été préparées. Nous avions également des flyers à disposition pour éventuellement inviter nos interlocuteurs à la veillée d’adoration du lendemain, dédiée à l’intercession pour nos défunts.
Durant la mission, nous avons rencontré tout type de personne. Rares sont celles qui refusent catégoriquement le dialogue. Certaines rencontres étaient limpides, d’autres plus complexes. Mais toutes furent belles. Nous sommes tous sortis joyeux de cette évangélisation, qui s’est poursuivie par un temps de partage autour d’une boisson à la cure (la fraternité fait aussi partie de la mission !).
Personnellement, je retiendrais la rencontre de ce monsieur d’abord si fermé à l’espérance, et finalement reparti avec une carte de la Résurrection et une lueur d’espérance dans les yeux. « Je viendrai peut-être demain, du coup » a-t-il dit en évoquant la veillée de prière pour les défunts. Je retiendrais aussi ces deux dames qui se disent athées bien qu’élevées dans un contexte chrétien ; elles voulaient au départ couper court à notre rencontre ; celle-ci aura finalement duré une bonne quinzaine de minutes, et laissé place à bon nombres d’interpellations sur l’espérance chrétienne.
Enfin, je me souviendrais de ce jeune d’une trentaine d’année, ému aux larmes devant la tombe de son grand-père qu’il a voulu faire bénir par le P. Wiliam. « Cela fait plusieurs années que je viens, mais c’est la première fois que l’Eglise nous accueille. Merci, ça fait chaud au cœur » nous a-t-il déclaré. Je me souviendrais, enfin, de ce groupe de jeunes qui n’a pas souhaité faire bénir la sépulture de son défunt. Une fille du groupe nous a déclaré être intéressée par la spiritualité, mais plutôt par le spiritisme. Cette situation était délicate ; comment, « avec douceur et profond respect » (1 P 3,15), alerter cette fille sur les dangers de ce genre de pratique ? Finalement, nous lui avons simplement demandé si elle connaissait le contenu de l’espérance chrétienne, ce qui nous a donné l’occasion de lui témoigner de l’espérance de la Résurrection. Puis, après avoir pris une carte de la Résurrection, elle nous a simplement exprimé sa réaction sur le message de l’espérance chrétienne : « savoir le contenu des diverses religions m’intéresse, et je trouve ce message chrétien que vous me témoignez très beau ».
La suite du chemin de vie de ces personnes ne nous appartient pas. Mais, dans le cadre de la mission aussi, nous avons une espérance : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, […] ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55, 10-11) ; la semence est jetée, sa destination et sa fécondité ne nous appartiennent pas, mais elle laisse une trace.
Il en reste que cette mission fût une grande joie pour l’ensemble des missionnaires, et nous en sommes ressortis renouvelés dans notre foi. Pour bon nombre d’entre nous, pourtant, il s’agissait de la première mission d’évangélisation ; une belle occasion de se rendre compte que « tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l'amour de Dieu en Jésus-Christ » (Evangelii Gaudium 120, Pape François).
Enfin, afin de rendre grâce et de remettre au Seigneur nos défunts, les gens rencontrés la veille et leurs défunts, nous nous sommes retrouvés le lendemain à l’église des Cordeliers, au pied du Saint-Sacrement, Lumière de notre espérance : un jour « la nuit aura disparu, ils (les serviteurs de Dieu) n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera ; ils régneront pour les siècles des siècles » (Ap 22,5).
Vivien Bianchi
Photos © Jean-Eudes et Véronique